LEOCADIE Jérôme

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Rencontre avec Jérôme LEOCADIE, un pilote réunionnais qui évolue au plus haut niveau ....

 

 

Quelles ont été tes impressions sur le mondial du Brésil ?
Beaucoup de niveau ! Y'a pas de tête de liste comme avant. Beaucoup de monde peut prétendre au titre et faut vraiment faire aucune erreur à chaque tour pour arriver en finale et là c’est vraiment dans la tête que ça se passe.

Que crois-tu qu’il t’a manqué pour accéder aux finales ?
Beaucoup de mental et de la confiance en moi vue ma saison aléatoire au niveau des résultats. Ca m’a pas donné trop confiance en moi.

Résultats aléatoires ? Tu es élite depuis peu et tu progresses au classement d’une année sur l’autre, tu sens que tu plafonnes en terme de progression ?
Non, la marge de progression est bien là. Je viens d’intégrer le pôle France et l’entraînement est très dur car on est sur une préparation olympique pour 2008 (ndr : JO de Pékin en Chine). C’est pas évident de tout gérer surtout quand on vient de la Réunion même si ce n’est pas une excuse. De toute façon je ne lâche pas l’affaire et l’entraînement va payer, c’est sûr !

Etre au pôle France signifie-t-il que tu as déjà ton billet pour les JO ?
Y’a deux choses différentes : Le pôle espoir situé à Bourges pour les plus jeunes et le pôle France situé au CREPS d’Aix-en-Provence où ne peuvent accéder que ceux qui sont en équipe de France ou ceux qui ont fait des finales lors des compétitions internationales et sur décisions d’une commission. Après, tous les élites et les juniors marquent des points pour qualifier le pays aux JO et selon le classement, il y aura 3 pilotes maximum qui partiront. C’est l’entraîneur national qui décidera qui part.

On attend beaucoup des jeux olympiques pour médiatiser le BMX et lui faire franchir un pallier. Tu y crois à cet effet olympiques ?
Le BMX a tout pour réussir. C’est un sport vraiment exceptionnel. Il faudrait des gens qui s’y intéressent vraiment et c’est bien là le problème car les média ne s’y intéressent que partiellement ou qui prennent que ce qu’il y a de bon sans aller plus au fond. Pour que ça avance, il nous faut une médaille et que ça soit super bien médiatisé.

Au pôle France, avez-vous des conseils ou des consignes pour parler aux médias et ainsi vous valoriser au mieux ?
Fabrice Vettoreti nous aide à tous les niveaux de notre vie et pas uniquement que pour le BMX et comme tout sportif de haut niveau il nous conseille sur les choses à dire et surtout à ne pas dire.

Lors d’un reportage sur une chaîne locale on t’as vu faire du vélo de route. Ca fait partie intégrante de ton entraînement ou c’est occasionnel ?
Le vélo de route on en fait une fois par semaine durant la saison hivernale. Pour n’importe quel sport il faut avoir un capital d’endurance pour pouvoir suivre des entraînements de haut niveau et surtout tenir toute la saison.

A propos de vélo de route, le dernier Tour de France a été marqué par la victoire d’un coureur soupçonné de dopage. Le dopage dans le BMX c’est une réalité aussi ? Notamment dans les compétitions internationales ?
Il ne faut pas se voiler la face le dopage est dans tous les sports. Dans le BMX il n’y a pas de grosses histoires de dopage car il n’y a pas autant d’argent que dans d’autres sports. Ca n’incite certainement pas à faire des trucs aussi fous. En France on est super surveillé avec, comme pour les routiers, trois prises de sang plus les contrôles inopinés et ceux du CIO. C’est vrai que dans d’autres pays ils peuvent s’entraîner et prendre n’importe quoi ...

Quels pays ?
Aux USA, faut pas fermer les yeux. C’est la première année aux mondiaux qu’ils avaient une équipe américaine car auparavant les pilotes venaient avec leurs propres moyens sans structures. C’est un pays où tout est permis et où l’argent prime et à partir de là il n’y a plus de limites. C’est dommage ...

Aux dernières rencontres européennes les pays de l’Est sont apparus très compétitifs avec des pilotes comme Prokop. Comment expliques-tu ça ?
Prokop c’est vraiment un exemple à part car il est vraiment super doué. Il fait autant de BMX, de VTT ou de piste et il est ultra complet. Je ne sais pas comment il s’entraîne mais mentalement il est super fort. C’est vrai que la Russie a une grosse équipe de jeunes qui ont fait en un an des progrès qu’il m’a fallu 2 à 3 ans pour les obtenir. Ils ont pris des gars qui ne savaient pas faire de vélo et qui en très peu de temps rentrent des finales au championnat d’Europe. Ils font du gros boulot et ils sont présents sur toutes les compétitions voire des fois un mois avant pour se préparer. C’est l’effet JO je pense.

Tu es sponsorisé directement par Free Agent ou c’est par l’intermédiaire de la société de Christophe Lévêque ?
Aujourd’hui ce qu’il en est c’est que Christophe Lévêque et Frédéric Rello ont ouvert une société aux Etats-Unis pour l’importation en Europe. Je suis chez eux et c’est Free Agent qui m’aide et donc je fais beaucoup de pub pour eux.

Tes sponsors te permettent de vivre du BMX ?
A l’heure actuelle aucun pilote ne vit du BMX en France. Vivre pour moi ça veut dire ne pas avoir de soucis pour voyager, etc… La plupart du temps ça se passe que nous choisissons nos pièces et on a une enveloppe avec en plus des primes de courses dans l’année surtout pour subvenir aux déplacements qui sont très lourds financièrement.

Puisqu’on ne vit pas du BMX, c’est quoi ton avenir après le BMX ? Une évolution vers le VTT ou il y’a plus d’argent ou le pôle France vous ouvre-t-il des portes pour des formations ou des études ?
Actuellement on est dans un phénomène de publicité que ce soit dans le sport ou ailleurs. Ceux qui peuvent profiter du système s’en sortent. Après, pour ceux qui font vraiment leur sport c’est plus dur ! Il faut essayer de trouver des mécénats avec des grosses entreprises qui peuvent t’aider par la suite. Certaines fédés ont des contrats avec des grandes entreprises. Florent Boutte a réussi à avoir un contrat de militaire civil ce qui levlibère d’un poids pour la vie de tous les jours; ce qui est très important pour le mental.

Donc, ton avenir c’est de revenir à la Réunion ou de rester en métropole en fonction des opportunités ?
De toute façon j’aime la Réunion et quoiqu’il arrive je finirais mes jours ici. Je profite de voyager pour ouvrir les yeux et prendre un maximum de choses; mais tôt ou tard je reviendrais à la Réunion.

Aujourd’hui tu roules sur la piste de Saint-Denis qui a été beaucoup critiquée ces derniers temps, que penses-tu de celle-ci ?
Je connais les problèmes que posent le climat de l’île par rapport aux revêtements. Saint-Denis a essayé de faire quelque chose qui est vraiment une bonne base sur laquelle on fait moins d’erreur que sur celles en terre végétale. Mais c’est bien de voir ce qui se fait ailleurs et en dehors de la France. En tout cas ça ne sert à rien de critiquer pour critiquer et il faut qu’on avance tous main dans la main. Il n’y que comme ça que ça va marcher.

Mais à rouler tu trouves que c’est comment ?
De puis 3 ans je roule en métropole et on a des courses qui sont faites vraiment pour les élites et au niveau des revêtements on pousse à ce que ce soit de mieux en mieux car de notre côté on pilote de plus en plus précis. Quand on perd l’habitude de rouler ici c’est pas évident mais j’ai eu la chance de rouler à Saint-Pierre cette semaine ce qui m’a permis de m’y faire un peu. Il reste du travail à fournir et on y arrivera en posant le doigt sur les vrais problèmes et en les solutionnant tous ensemble.

Merci Jérôme et bonne chance pour la suite.

       

Jérôme LEOCADIE en bref

Date de naissance :

14/02/1986

Taille :

1m78

Poids:

75kg

Situation :

Célibataire

Hobbies:

Sport de glisse et design

Musique :

Dance Hall, Ben Harper

Film :

Hurricane Carter, one million dollar baby

Etudes :

Etude de design

Sponsors :

MMC, USPROBIKE, Free Agent


Entrevue réalisée par Antoine DUFOIX, 19 août 2006 pendant la semi nocturne de Saint  Denis