ENTREVUE:

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 Back to the roots! Tel aurait pu être intitulé les vacances de Moana sur le caillou. Après avoir vécu à la Réunion pendant 7 ans, le franco-reuniono-tahitien, Moana Moo Caille, était de retour pour un repos bien mérité après une année olympique bien chargée. Sollicité de toute part par ses amis d'enfances, il a trouvé le temps d'accorder un peu de temps et de se prêter au jeu des questions. Rencontre avec un rider sérieux qui ne se prend pas au sérieux. En un mot : Charismatique ! 

(Interview réalisé par Antoine avant les J.O.)

 

Clic : Tu as quitté la Réunion en 1995 à l’âge de 7ans, quels souvenirs as-tu de ces années passées?

Moana Moo Caille : Pas énormément finalement, mais ceux qui me restent sont très clairs. Le club du Port dans lequel j'ai débuté, sa piste, la famille Vélio et les Médoc, et d'autres pilotes comme, Xavier Boyer, Stéphanie Doumi, Emmanuel Grondin et Julien Hoarau pour ne citer qu'eux.

Clic : Tu n’étais pas revenu depuis quand ?

MMC : Depuis août 1995, date à laquelle j'ai quitté l'île pour la métropole ! Ca fait donc 13 ans ! C'est le grand retour et ça fait vraiment du bien. Ca me permet à la fois de me ressourcer et d'évacuer la pression des saisons passées...

Clic : Tu retrouves des pilotes avec qui tu as roulé à l’époque ?

MMC : Oui, notamment Patrice Médoc avec qui je m'entendais super bien déjà à l'Époque, Joan Velio qui roule maintenant aux côtés de son fils. J'ai aussi revu Stéphanie Doumi et Xavier Boyer qui ne roulent plus maintenant mais qui passent toujours voir les entraînements à la PPA.

Clic : Comment juges-tu le niveau ?

MMC: En règle générale, ils sont très bons physiquement. Ils ont une génétique faite pour accélérer! Après c'est techniquement que ça pêche un peu. Je pense que c'est dû aux pistes qui n'ont pas évolué aussi rapidement qu'en Europe, faute de moyens. Mais il y'a un gros potentiel ici, c'est sûr! De nombreux pilotes ont trusté les podiums internationaux comme Jérôme Pépin, Cyril Meslier, Jérôme Léocadie qui se trouvait encore l'an passé en Équipe de France à mes côtés. Aujourd'hui l'île peut compter sur Ludovic Séry qui est selon moi un grand espoir. Grâce aux pôles et aux sports études, de nombreux pilotes bénéficient de structures, d'aménagement d'horaires et de plan d'entraînement pour évoluer dans les meilleures conditions et Ludovic a prouvé à Compiègne qu'il était capable de venir les perturber dans leurs hiérarchies sans tout ça...

Clic : Tu n'as donc pas été étonné quand tu as vu arriver Jérôme Léocadie?

MMC: Non, Jérôme avait une première ligne droite dévastatrice. Il était un de ceux qui accélérait le plus au monde en 2005 ! Il a eu la possibilité de s'expatrier en métropole, se frotter avec les tops et intégrer le pôle France. Il a fait preuve d'énormément de courage et de volonté ses deux premières années car il a quitté l'île pour aller auprès de Florent Boutte à St Etienne et même moi qui me suis habitué aux températures hivernales, je n'irai pour rien au monde là-bas...

Clic : Crois-tu à l’essor du BMX grâce au JO ?

MMC: J'y crois vraiment! Après dans quelle mesure, je ne sais pas trop. Je pense qu'il y'aura au moins un petit déclic qui ne se fera peut-être pas sentir immédiatement, mais d'ici quelques années. Je pense que le sport se dirigera vers le type Coupe du Monde, dans un format réservé aux pros sur des pistes démesurées. Ce style d'Épreuves intéressent déjà les médias et quelques gros sponsors comme Swatch et Nissan et je pense que les JO vont donner un coup de boost à ce niveau.

Clic : Que penses-tu de la sélection française ?

MMC: Fabrice (Vettoreti), le sélectionneur, avait de bonnes raisons pour faire ce choix. Damien Godet est un excellent pilote, et il a prouvé à de nombreuses reprises qu’il était très performant sur ce type d'épreuves. Thomas Allier a cette année été moins performant qu'un Thomas Hamon en terme de résultats, mais ça reste un très très grand pilote avec une expérience énorme. Il est en train de monter en force pour arriver prêt le jours « J » et sur ce style de course il est capable d'aller « claquer » la première place!

Clic : Et chez les filles, le retour d'Anne-Caroline Chausson, c'est une bonne nouvelle pour le BMX?

MMC: Oui ! C'en est une ! Elle a amené avec elle tout un tas de médias qui sont venus s'intéresser à elle dans le BMX par rapport à son passé prestigieux dans le VTT exposant un peu plus la discipline. Mais ce n'est pas tout, elle est pro à tout niveau et ça ne peut être que mieux de la côtoyer tous les jours.

Clic : As-tu un pronostic ?

MMC: Que ce soit chez les garçons ou les filles, je suis persuadé qu'on a de réelles chances de médaille. Il n'y aura "que" 32" pilotes et ce sera donc un peu plus ouvert qu'un championnat du monde où on est une centaine de pilotes avec de nombreuses phases de qualifications et un nombre conséquent de pilotes de chaque nations. Là, il n'y aura que maximum 3 représentants par nation ce qui rend la course très ouverte et ce d'autant plus que la piste et longue avec des possibilités de doubler tout le long. Les filles sont hauts dessus du lots depuis 2 ans, et les garçons seront à leur meilleur niveau le jours de la course. Pour les pronostics, 2 médailles d'or et 2 médailles d' argent !

Clic : Comment se passe ta préparation sportive?

MMC: Cela va faire trois ans que j'ai intégré la structure du CREPS d'Aix en Provence qui réunit toute l'équipe de France. On bénéficie tous des mêmes programmes d'entraînements réalisés par Fabrice Vettoreti, notre entraîneur et sélectionneur, avec l'aide de notre préparateur physique, Mario Cordoano. On s'entraîne 2 fois par jours, et ce, 5 jours par semaines durant les grosses phases d'entraînement. C'est une véritable chance de pouvoir bénéficier de ce qui se fait de mieux. On a tout sur place dans un rayon de moins de 100m : la piste, la salle de « muscul », l'internat, la cantine, le médical... Et le plus important dans tout ça c'est de pouvoir s'entraîner tous ensemble, permettant une émulation lors de chaque séance et repousser ses limites à chaque fois.

Clic : As-tu un point faible qui t'oblige à un travail spécifique?

MMC: Je manque un peu de régularité aux starts, je fais donc en sorte de bosser un peu ma gestuelle; Après je suis le programme et essaye de faire au mieux à chaque fois.

Clic : Penses-tu aller rouler un jour aux USA ?

MMC: Oui, c'est le rêve de tout pilotes de BMX. Des carrières comme Christophe Lévêque et Thomas Allier font rêver mais ce n'est plus la même époque. En terme de sponsoring, les contrats ont chuté et très peu sont ceux qui s'en sortent correctement financièrement. Les temps ont changé. En Europe le niveau a considérablement augmenté. On ne retrouve plus autant d'américains dans les finales internationales, mais surtout, les nations se structurent; comme en France avec le pôle! Je suis déjà parti 2 fois là-bas et je repars quelques semaines en octobre. Mais je me vois plus partir pour me préparer que pour m'y installer.

Clic : Faut-il faire du champ de bosse régulièrement afin de mieux se préparer pour le format des pistes supercross UCI ?

MMC: Non , ce n'est pas indispensable. Les hollandais n'en font pas et ça ne les empêche pas de placer des pilotes en finale de coupe du Monde. Par contre c'est un plus techniquement et cela peut aider. J’en fais dès que j'en ai l'occasion parce que j'adore ça. Ce sont des sensations uniques et c'est une approche totalement différente de la race.

Clic: Que s’est-il passé au SX de Madrid?

MMC : Ca s'est produit lors des essais. J'en étais à mon 4ème départ, et je pense être resté fléchi après avoir pompé la compression en bas de la bute. A 60km/h et sur une bosse de 12m, ça ne pardonne pas. J'ai pris un petit coup de raquette à l'appel me faisant partir d'un coup sans rien pouvoir faire. Résultat, je me suis fracturé la clavicule, 4 côtes et une perforation pulmonaire. Mais bon, ce n'est plus qu'un mauvais souvenir.

Clic : C'était la première fois que tu chutais aussi violemment?

MMC: Ca faisait 10 ans que je ne m'étais pas fait de fracture. La dernière c'était au Port en 1995, sur la première double de la dernière ligne droite. Après j'ai du me faire deux entorses de cheville mais rien de plus depuis. Là, j'ai eu tout d'un coup et j'espère avoir payer mon tribu pour les 10 prochaines années!

Clic : Tu roules avec des protections ?

MMC : Avec des coudières et des genouillères. Je n'ai pas pris l'habitude de rouler avec une Dainese et je pense qu'il est trop tard pour m'y faire. Je trouve que c'est gênant. Tu perds en fluidité des mouvements.

Clic : Tu es au club de Frontignan, as-tu des fonctions au sein de ce club ?

MMC: Non je suis simple licencié. Je suis parti dès les années juniors sur Aix-en-Provence et je n'ai pas eu l'occasion de plus m'investir. Mais à l'avenir pourquoi pas, j'aimerais transmettre ma passion et mon savoir aux plus jeunes. Je pense que c'est très important de s'investir à ce niveau

Clic : Es-tu sollicité pour signer des autographes et te souviens-tu de la première fois?

MMC: Je ne me souviens pas de la première fois mais j'en signe! C'est touchant de voir des petits se presser pour nous demander un autographe, nous poser une question sur notre bmx. J'idolâtrais certains pilotes lorsque j'étais plus jeune et j'aurais tellement aimé discuter avec eux et avoir leurs maillots. J'essaye donc de donner un maximum mes maillots, mes gants, mes masques et surtout de prendre le temps pour signer des autographes et discuter un court instant avec eux!

Clic : Pourquoi as-tu ton propre site Web ?

MMC : Actuellement, c'est incontournable. Ne serait-ce que par rapport aux sponsors; cela nous crédibilise et c'est un vecteur de communication qui nous permet, entre autre, de les démarcher.

Clic :  A propos de sponsor, tu es sous contrat avec Usprobikes, peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton contrat de sponsoring ?

MMC: C'est ma première année chez Usprobikes géré par Christophe Lévêque. Je bénéficie d'une enveloppe à l'année qui m'aide pour mes déplacements. J'ai plusieurs vélos par an, des tenues et tout le matériel dont j'ai besoin. Ca ne me permet pas de vivre du BMX, mais c'est ce qu'il faut pour être présent sur les grands événements et avoir un vélo correctement monté à chaque fois.

Clic :  Donc tu ne vis pas du BMX ?

MMC: Non ! En France, seul Thomas Allier "peut-être" vit du BMX. On arrive à se débrouiller avec des subventions mais les sommes ne sont pas faramineuses. De plus ce n'est pas régulier à l'instar d'un salaire. Ce n’est pas toujours facile et pour l'instant c'est la passion qui te fait avancer.

Clic : Ca alors! On n’est donc pas riche quand on est bicrosseurs! :-)

MMC: Pas pour l'instant (rires)! Espérons que les JO donneront ce fameux coup de fouet que beaucoup attendent et qu'il fasse sortir ce sport de l'anonymat.

Clic: Qu’elle a été selon toi la plus grosse révolution matérielle dans le BMX  entre tes débuts et maintenant?

MMC: C'est dans le matériau des cadres. Le passage du cr-mo à l'alu. Par la petitesse de marché, les marques ne peuvent s'investir dans la recherche et le développement. Il y a des pièces qui n'ont pas évolué depuis dans années ; par exemple dans les guidons : le Slambar de chez SM reste le guidon le plus utilisé faute de mieux. A l'inverse dans le freestyle, les pièces ne cessent de s'alléger et chaque trimestre un nouveau concept voit le jours repris par la suite par toutes les marques concurrentes.

Clic : Tu casses beaucoup de matériel ?

MMC : A vrai dire, je n'ai jamais cassé beaucoup de matériel! A l'inverse d'un Jérémy Chaffot qui lui est un briseur de pièces en tout genres (rires). J'essaie au maximum d'être « smooth » sur mon vélo pour ne pas lui faire trop mal!

Clic : As-tu des pièces fétiches sur ton vélo ?

MMC : Je trouve qu'une jolie selle peut changer radicalement l'aspect de son vélo. Sinon je n'ai pas de pièces fétiches mis à part le fait d'avoir une paire de roues correctement montée. Cette année, j'ai eu l'occasion de faire rayonner mes roues par un professionnel et cela les a rendues beaucoup plus rigides, et ce, toute l'année.

Clic : Tu roules en Cruiser, c’est un plaisir ou une obligation ?

 MMC : Il est vrai que c'est de moins en moins suivi lors des championnats. Avant tout le monde faisait les deux, notamment aux Championnat du Monde et maintenant la majorité se concentre sur le 20 pouces. C'est compréhensible car c'est la discipline phare mais il y a des titres de décernés alors pourquoi ne pas essayer de les gagner !

Clic : Tu n’as jamais eu la tentation de passer au VTT?

MMC : Jamais! C'est plus une question d'occasion que d'envie. Dimanche je vais faire ma première descente du Maido avec Joan Vélio. J'ai juste fais une année le 4x du roc d'azur qui ressemblait plus à du BMX car il n'y avait pas de dénivelé. Mais quitte à faire autre chose que de la race, ce serait plutôt du champ de bosse que du VTT.

Clic : La piste ?

MMC : Alors ça, pas du tout! J'ai fait un stage d'une semaine avec le BC Frontignan, vers Alès, et ça ne m'a pas botté du tout. Je ne suis pas partisan à partir du moment où il n'y a pas de saut!

Clic : Pour tout sportif il y’a un après, as-tu déjà une idée de ce que tu aimerais faire ?

MMC : Dans les 4 prochaines années je vais être occupé par la préparation des JO de Londres mais aussi par mes Études car j'avais tout stoppé cette année pour me concentrer uniquement au bmx. Je me dois de me replonger  dedans en trouvant le juste milieu pour continuer à m'entraîner pour le "haut niveau"! Mon rêve serait de vivre du bmx et une fois ma carrière terminée de rester dans le milieu. Plus dans le développement que dans le coaching ou la préparation.

Clic : Merci et Bonne chance Moana ! A l'année prochaine...

Petit clip video lors d'un de ses passages sur le terrain

Remerciements à Moana pour sa disponibilité et sa gentillesse

Liens Moana Moo Caille

www.moanamoocaille.com

Interview BMX2DAY 24 septembre 2005
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